Quid de l’imagination…?
Un peu plus tôt dans la soirée, occupée à explorer les diverses chaînes de notre abonnement TPS nouveau-né, j’ai été frappée par une scène apparemment des plus banales sur Tfou – une petite vache en images de synthèse, invitant son jeune public à lui envoyer diverses occupations pour l’été car, disait-elle, “sa maman n’avait rien trouvé de mieux à lui suggérer que de faire une collection de broccolis”. Lesdites idées de loisirs seraient diffusées ici et là sur la chaîne durant les vacances.Quid de l’étrangeté de cette scène, me direz-vous? Ceci, tout simplement: depuis quand les enfants ont-ils besoin d’une chaîne de télévision pour leur dire comment passer leurs étés? Je ne crois pas que mes amis de l’époque ni moi-même ayons eu besoin de ce genre d’artifices pour nous “tenir occupés”. Bien au contraire, les journées n’étaient jamais assez longues lorsqu’il s’agissait de faire jouer notre imagination fertile. Un vieux balai sans poils devenait un puissant bâton de combat. Le manche d’un maillet de croquet bon marché se transformait en sabre laser. Un tas de terre, dans le lotissement encore en construction où nous vivions alors, se révélait être une montagne infranchissable donnant libre cours à nos escalades d’alpinistes chevronnés à l’aide d’une corde de remorque et d’un morceau de bois en guise de piolet. J’ai d’ailleurs du mal à me souvenir du type de programmes que nous regardions à la télévision à cette époque, étant donné qu’il ne s’agissait pas là de notre activité première.D’où ma question et ma perplexité… Quinze, voire vingt ans plus tard, la nouvelle génération a-t-elle donc vu décliner sa capacité à l’imagination? C’est là une pensée qui me fait froid dans le dos, et qui néanmoins ne m’étonne plus vraiment, car j’ai pu en voir l’illustration flagrante à plusieurs reprises. Une généralisation n’est bien sûr pas de mise; néanmoins, ce petit interlude télévisé m’a laissé un goût amer dans la bouche.L’on en viendrait vraiment à se demander si tout ce que crée notre société n’est rien d’autre qu’un assistanat permanent, à commencer dès le plus jeune âge…
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Comments
Silmy
Je pense que ton analyse comporte helas du vrai mais tu le dis toi meme, cela n’est pourtant pas surprenant. Est ce parce que les media pretendent vendre du reve tout fait (sic) que cela a donne ce resultat? Quoi qu’il en soit c’est deplorable et il ne nous reste qu’une chose a faire c’est encourager au maximum les jeunes a developper leur imaginaire en commencant par nos propres rejetons quand nous en aurons (si le cas se presente).
Larys
Les parents oublient souvent qu’un rien peut amuser un gamin. Moi, par exemple, je transformais un vieux pipeau en baguette magique. Mais j’ai remarqué la tendance (très néfaste) chez les parents d’asseoir leur gamin devant la TV pour, disent-ils, les calmer pendant qu’ils vont vaquer à leurs occupations. Tant pis s’ils deviennent des légumes, au moins ils n’hurlent pas et ne casseront pas leur mobilier. Et c’est toujours moins dangereux et moins salissant que d’aller jouer dans le terrain vague… A quoi bon faire des enfants si c’est pour en faire des drones tout juste bon à faire que ce qu’on dit ? C’est aussi aux parents de faire preuve d’imagination (et de responsabilité !) pour que les enfants puissent développer les leurs. Oui, ça aussi, ça se transmet !
Yzabel
Il est clair qu’on se demande ce que font les parents dans tout ça. Je pense sincèrement qu’en fait, il y en a beaucoup aussi qui “démissionnent” et plantent leurs gosses devant la télé par solution de facilité, parce qu’ils en ont marre de passer tout leur temps à surveiller leurs gosses (il faudrait voir à se rendre compte qu’avoir des enfants, c’est signer pour ça pendant les 18 ans à venir… enfin).Une chose qui, maintenant que j’y pense, est bien déplorable aussi, c’est justement ce que la télévision est devenue, et le (mauvais) exemple qui y est bien souvent associé. Quand on pense qu’on avait là un outil de diffusion massive, une plate-forme toute prête pour répandre de la culture et des informations à la tonne… qu’est-ce qu’on en a obtenu, à la fin? Quelques chaînes “culturelles” (dont la plupart sur câble ou satellite), et une tripotée de niaiseries. D’accord, je sais bien que tout le monde n’a pas envie de passer plusieurs heures par jour à regarder Arte, mais le ratio intéressant/niaiseries n’est quand même pas en faveur des émissions utiles.
Gwendo
Je suis on ne peut plus d’accord avec ton post et les commentaires qui y ont répondu. Dans ma jeunesse, je regardais un peu la télé car mes parents me posaient devant en tant que baby-sitter. Mais dès que venaient les beaux jours, je courais dehors et allait m’amuser avec des copines à jouer dehors autour et dans un “château” à l’abandon. Mes péripéties me faisaient souvent revenir avec des blessures, mais rien de bien grave. Au moins, je voyais le monde et je sortais un peu. Une enfant que je gardais récemment préférait largement ses programmes télé à des jeux extérieurs. Une aberration, surtout quand tu vois la piètre qualité de la majorité des programmes pour enfants. M’enfin. Je pense aussi que les parents ont un grand rôle à jouer pour ne pas faire sombrer leurs enfants dans ce monde de stupidités et de banalités qui les nivellent dès la prime enfance. Mais peut-être que ces programmes sont créés justement pour faire de nos enfants des citoyens modèles qui ne bronchent pas, ne réagissent pas à tout ce que leur feront subir les gouvernements et leurs idées successifs. Qui sait ?
Yzabel
Gwendo – Le pire, c’est que ce n’est même pas improbable… Quoique, est-ce que la nivellation par le mauvais sens se fait en effet exprès, ou est-ce une conséquence de l’attitude des gens qui “demandent” plus ou moins des c… nneries… C’est un peu l’oeuf et la poule à mon goût. On ne sait plus trop, à présent…